La barre est dure, tiens la bien,
des deux reins, ta victoire est amère
tout un monde englouti un peu salé,
et le canal resonne, la glace sous la proue
qui pleure et gémit comme tes deux pieds gelés,
tient la bien, déchire cette eau à grands coups dâhélice,
ta victoire est si triste, elle nâappartient quâà toi
comme le vent dans ton cou comme ta sueur
qui navigue entre ta peur et ton courage,
ta victoire est si vaine, si lointaine,
lourde, trop lourde, de glace et de graisse,
tiens la bien, tu oses toi-même y croire
quand tu mens à tes deux mains,
qui pleure ta victoire si froide
plantée dans la mousse des parois dâécluses
qui suintent comme le désir dâen finir
dâun coup dâun seul, dans ses bras là -bas,
tiens la bien, ses yeux, ses cheveux,
tout noirs tâattendent peut-être,
mais tu sais bien que non,
mais tu sais vraiment rien, pauvre con,
ta victoire est si pure, si seule, si dure,
ta victoire est si vaine, quâelle ne peut quâêtre belle,
tiens la bien.